Le décrochage scolaire, c’est-à-dire le pourcentage d’élèves qui abandonnent l’école avant l’âge de 16 ans, c’est un vrai problème auquel l’école doit faire face. Notamment dans le sud du pays, où l’enquête ISTAT ‘Avec enfants’ a dressé un tableau plutôt inquiétant. Dans ces zones, la dispersion atteint des pourcentages élevés : dans les Pouilles, le décrochage scolaire est de 17,6 %, en Campanie de 16,4 %.

En tête de ce classement peu édifiant se trouve la Sicile, la région italienne avec la plus forte dispersion, 21,2%, contre une moyenne italienne de 12,7%. C’est ce qui a poussé le bureau scolaire régional de Sicile à agir, en collectant des données plus ponctuelles et actualisées par rapport à l’enquête menée récemment par l’ISTAT, pour tenter de faire le point sur la situation dans les écoles de la région.

L’enquête de l’USR de Sicile: en 2021, environ 1 200 élèves ont abandonné l’école

Les risques liés à l’abandon scolaire précoce sont nombreux et ont presque toujours des répercussions sur l’avenir des jeunes. Les jeunes qui abandonnent l’école ont évidemment plus de difficultés à trouver un emploi et des perspectives d’emploi limitées. Ils participent également moins aux activités sociales, politiques et culturelles et sont plus exposés à la pauvreté et à la mauvaise santé. Pour endiguer autant que possible ces scénarios futurs, l’USR de Sicile a demandé à toutes les écoles de mettre à jour les indicateurs appelés « évasion », « fréquentation irrégulière » et « abandon ». Plus précisément, lorsque nous parlons d' »évasion », nous entendons tous ces garçons et ces filles qui n’ont pas encore 16 ans et ne se sont jamais présentés à l’école malgré leur inscription.

La « fréquence irrégulière », qui concerne plutôt, diffère de cette étudiants absents sans justification au moins 7 jours par mois. Jusqu’à la dernière année, abandon scolaire : une absence continue d’au moins 15 jours non due à des problèmes de santé, de nature familiale et en tout cas non justifiée ou communiquée à l’école. Et au final, il est ressorti qu’au total, 5 909 cas de personnes relevant de ces indicateurs ont été signalés au cours de l’année scolaire 2021-2022 : 838 pour absentéisme scolaire, 1 194 pour abandon et 3 361 pour fréquentation irrégulière.

Zones à haute criticité : chemise noire à Raguse

Selon l’enquête promue par le bureau scolaire régional, les causes d’abandon en Sicile sont principalement attribuables à un comportement problématique de la part de l’élève – dans 50% des cas -, pour 45% à des difficultés familiales et pour un dernier 5% à des malaises psychologiques dus à la pandémie. Les pires données proviennent des provinces de Raguse, Palerme et Enna. La province de Raguse, en particulier, est principalement affectée par des causes de nature sociale liées au phénomène. De mauvaises conditions socio-économiques reflétant un marché du travail peu attractif. A cela s’ajoute une offre de formation et de services peu abondante, en deçà de la moyenne nationale.

Pierro, USR Sicilia: « La dispersion doit être affrontée par l’ensemble de la société »

Interviewé par ‘La poste’Joseph Piero Le directeur du Bureau régional des écoles est intervenu directement sur le dossier depuis septembre dernierexpliquant les raisons de l’enquête : « Jusqu’à présent, il y a eu un discours monothématique sur le décrochage scolaire. Mais Ragusa n’est pas Palerme et on ne peut pas penser à trouver les mêmes solutions pour chaque province ou pour toutes les municipalités »Pierre a expliqué. « Pour cette raison, nous avons créé un réseau d’observateurs composé de 49 psychologues scolaires qui ont pour tâche de collecter et d’analyser des données plus actuelles et actualisées. L’une des choses importantes dont il y a maintenant plus de prise de conscience est que le décrochage scolaire doit être abordé par l’ensemble de la société et pas seulement par l’école » a ajouté le directeur de l’USR.

En fait, l’enquête vise à décortiquer l’ensemble des problématiques liées au décrochage scolaire, forcément différentes – pour des connotations sociales et économiques – selon les zones de référence. Avec des données ponctuelles et précises, Pierro explique comment solliciter « la politique pour mieux orienter les financements ». Une aide valable pour s’assurer que les fonds alloués aux écoles sont dépensés de manière appropriée au type de situation. Et en ce sens, le PNRR, le plan national de relance et de résilience, peut aussi aider. Sur les 500 millions d’euros alloués à la lutte contre le décrochage scolaire, 74 sont allés en Sicile : c’est la deuxième région financée après la Campanie qui a reçu 79 millions. Un petit pas dans la bonne direction.

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