On dit que les bonnes idées commencent par une bonne tasse de café. Mohamed El Mansouri, Moha comme il aime se faire appeler, en sait long. Il est étudiant en deuxième année de droit à l’Université de Castilla-La Mancha (UCLM), sur le campus de San Pedro Mártir à Tolède, à Casco. Un jour, alors qu’il se trouvait dans sa cafétéria avec deux autres collègues, son projet surgit : le Association Le Front Étudiant.

Moha est le président de ce groupe naissant qui, bien qu’il ait commencé à prendre forme en février de l’année dernière, ce n’est que le mois dernier qu’il a commencé à faire ses premiers pas. « On a pensé au nombre de problèmes qu’il y avait à l’université et au manque d’outils pour les résoudre, parce qu’il y a des délégations étudiantes mais elles sont très politisées et tous les pouvoirs sont très fermés », explique ce jeune de vingt ans. Son idée initiale était de fonder un syndicat étudiant, mais, n’étant pas des travailleurs, « nous avons dû nous constituer en association », ce avec quoi je ne suis pas d’accord », précise-t-il. « Nous sommes des étudiants qui travaillons pour notre avenir pour pouvoir apporter quelque chose à la société », justifie-t-il.

Pour donner forme à leur idée, ils ont pris les bases du Front étudiant, une organisation étudiante nationale, car c’était celle qui ressemblait le plus à leurs intérêts. « Ils proposent une une éducation publique gratuite et de qualité et c’est, après tout, ce que nous voulons tous», dit Moha. Il insiste sur le fait que, dans son association -« la seule avec cette idéologie » en Castilla-La Mancha-, « il y a de la place pour les gens de toutes les idéologies».

En quelques jours d’existence, cet organisme compte déjà plus d’une cinquantaine d’étudiants inscrits, dont des étudiants Erasmus, qui « n’ont pas d’outil pour revendiquer leurs propres intérêts », en plus d’avoir « le soutien de certains professeurs ».

Parmi leurs principales revendications, ils demandent les mécanismes de participation des étudiants ; l’amélioration du système de bourses et l’extension des remises universitaires. «Cela m’énerve qu’ils disent que nous sommes une université publique, mais publique tant que vous payez les frais de scolarité. Ici, les frais d’inscription ne sont pas de 80 euros, comme en Allemagne, mais de 2 000 euros, comme c’est le cas pour les femmes ingénieures. Dans mon cas -dit Moha-, j’ai dû travailler pendant un an chaque week-end pour pouvoir payer et, comme le mien, il y a plus de cas. Le sens du public est en train d’être privatisé et c’est quelque chose pour lequel nous voulons nous battre».

Ils exigent également l’amélioration des espaces utilisés par les étudiants. « Il y a des fuites à l’université et cette année ils nous ont déjà dit qu’ils n’allaient pas mettre le chauffage en hiver. » De même, ils sollicitent un organisme Erasmus, car « c’est du jamais vu qu’il y ait des gens qui soient allés en Italie et qui se soient retrouvés à la rue sans logement. Cela, avec une planification optimale, ne serait pas arrivé », dit-il.

« Les stagiaires, quelques patchs »

Moha travaille comme stagiaire au Unité de gestion académique, pour lequel il sait « de très bonne encre » que son campus manque de personnel. « Il n’y a pas d’unité de gestion académique ici (San Pedro Mártir) et, si un étudiant veut valider des crédits, il doit descendre à l’usine d’armes », illustre-t-il.

Ils exigent également une amélioration des outils et une plus de clarté dans les contrats prévus par l’UCLM. «Les stagiaires à l’université sont des correctifs pour ne pas embaucher de fonctionnaires. Pour deux boursiers, ils économisent un fonctionnaire et ils ont déjà une main-d’œuvre bon marché et, en plus, sans représentation syndicale », déplore-t-il.

Le cahier de revendications de ces jeunes est complété par la demande de des mécanismes « efficaces » d’évaluation des enseignants. «Il y a beaucoup d’absentéisme chez les enseignants et certains vont vous lire leurs notes et à demain. Est-ce de la qualité ? », demande-t-il. « Il y a un manque d’élan pour enseigner et pour transmettre les connaissances aux étudiants », dénonce-t-il.

« La santé de l’étudiant est très fragile, pour tout il peut être déprimé »

Le domaine psychologique fait également partie des préoccupations de ces étudiants universitaires. C’est pourquoi ils demandent une augmentation de ces services puisque, selon eux, le la santé de l’étudiant « est très fragile». «Un étudiant pour n’importe quoi peut déprimer, car nous sommes soumis à une grande pression qui nous est inculquée depuis l’enfance: ‘Il faut avoir de bonnes notes’. Et ce qui différencie un 5 d’un 4, c’est l’échec, et la peur de l’échec est très latente dans les universités. L’UCLM sent la tristesse et l’inquiétude, car si vous ne réussissez pas, vous devez rembourser la bourse, et pour beaucoup cela signifie arrêter d’étudier».

Enfin, ils exigent grande lutte contre le harcèlement scolaire au collège. « J’ai vu des cas de ‘harcèlement’. Il existe des outils, mais comment les utiliser est inconnu -Moha dit-. La personne harcelée elle-même ne va pas vers eux, soit par honte, car il pense que cela pourrait aboutir à des représailles contre lui, soit, directement, car il estime qu’il n’y a pas de solution. Les harcelés ne se sentent pas protégés par l’université».

Ils continuent d’attendre qu’un espace soit aménagé où ils pourront se retrouver tous les mardis et mercredis. D’ici là, ces étudiants continueront de se rassembler devant les machines de la cafétéria, celles qui témoignent de leurs angoisses et de leurs inquiétudes.

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