02/01/2024 à 20h33

ABC ne fait aucun doute dans sa condamnation sans réserve de ce qui s’est passé la veille du Nouvel An devant le siège socialiste de la rue Ferraz à Madrid. Accrocher à une corde une poupée piñata qui représentait Pedro Sánchez et la frapper jusqu’à ce qu’elle se brise est une absurdité qui dépeint ses promoteurs et qui va bien au-delà de la critique légitime de sa gestion ou de ses concessions au mouvement indépendantiste. Les exaltations de la violence ne peuvent pas faire partie du jeu démocratique, a affirmé hier ABC. Et aujourd’hui, nous nous réaffirmons. Ce n’est pas édifiant, ce n’est pas stimulant et ce n’est pas admissible car il implique l’expression de désirs virulents, agressifs et nuisibles contre une personne. La radicalisation politique conduit à des excès malsains qui devraient être éradiqués de notre vie publique. Le fait est que toute phrase, pour être cohérente, doit être bidirectionnelle. Une condamnation doit toujours être défendable dans tous les cas, et pas seulement dans certains cas et à la convenance d’une partie. Et c’est précisément ce que fait le PSOE avec un traitement très inégal dans ses critères et dans ses exigences pour que les coupables de Ferraz répondent devant le juge. Une fois de plus, le PSOE et ses ministres appliquent la loi de l’entonnoir et deux poids, deux mesures lorsqu’ils exigent la responsabilité pénale pour un crime de haine.

Ce qui s’est passé à Ferraz n’est pas justifiable, mais il ne constitue pas un de ces crimes haineux que la gauche interprète à sa guise et applique selon des critères idéologiques et non juridiques. S’il fallait désormais imputer un crime de haine aux coupables d’avoir frappé une marionnette-piñata, la logique serait de soutenir que les dizaines d’égratignures subies par les dirigeants du PP, ou les images de magistrats de la Cour suprême pendus ou brûlés, étaient également des comportements haineux ou la guillotine dont certains militants du PSOE ont imité contre Mariano Rajoy. Il en va de même dans le cas du roi, dont le mouvement indépendantiste a insulté, dénigré ou brûlé des photos lors d’événements publics en plein jour et protégés par la police. Le PSOE ne s’est pas précipité pour qualifier ces épisodes de haine ou pour proposer l’ouverture d’une procédure pénale. En Espagne et dans de nombreux pays démocratiques, la haine n’est pas illégale. Ce qui est illégal, c’est de promouvoir des comportements violents contre des groupes minoritaires ou vulnérables qui sont persécutés en raison de leur condition sexuelle, de leur religion ou de leurs convictions, de leurs positions politiques… Ce qui s’est passé à Ferraz – grossier, violent et antidémocratique – ne correspond pas exactement à cette loi. définition. La haine est utilisée comme argument d’occasion, et c’est une erreur lorsque le PSOE utilise la partie étroite de l’entonnoir pour les autres et laisse pour lui la permissivité de la partie large.

Le PSOE devrait se donner un vernis de cohérence et de réalisme avant de présenter Sánchez comme une cible de haine. Si tel est le cas, je ne soutiendrais pas le processus de réforme visant à décriminaliser les insultes et la calomnie contre la Couronne ; les délits et outrages contre l’Espagne, ses symboles et emblèmes ; calomnies ou menaces graves contre le gouvernement ; les offenses aux sentiments religieux; ou la glorification du terrorisme. ABC remet en question quoi, le crime, celui qui l’a commis. Il ne s’agit pas de savoir qui les commet ni leur idéologie, car l’idéologie ne justifie pas si quelque chose est légal ou illégal. Il n’est pas possible d’avoir la peau aussi fine pour déclarer politiquement que le nœud coulant de Sánchez est la haine, et que la guillotine de Rajoy ne l’est pas. Ou encore que la corruption à droite est pire qu’à gauche. Ou croire que ceux qui participent à l’hommage à un enfant meurtrier de l’ETA ne le font pas avec une haine évidente envers ses victimes, mais plutôt avec la liberté d’expression. Le « sirop démocratique » ne devrait pas exister. Mais s’il existe, il doit être ambivalent pour que celui qui le rapporte soit crédible, sans victimisation sélective.

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