Ils le font presque tous.
Discrètement, parfois en groupe, parfois seuls.
Un rituel répété chaque semaine, dans presque toutes les classes préparatoires en France.
Et même les anciens, pourtant rodés à l’intensité des prépas, s’interrogent sur son origine.
Ce geste, cette habitude, a fini par attirer l’attention.
Car il ne figure dans aucun règlement, et n’a rien d’officiel.
Mais il est devenu une sorte de passage obligé.
Une feuille, un symbole… et beaucoup de silence
Chaque vendredi soir, dans certaines prépas scientifiques et littéraires, des étudiants glissent une feuille pliée sous la porte d’un prof, d’un surveillant, ou même dans une boîte aux lettres interne.
Un mot anonyme.
Pas toujours signé.
Parfois une phrase. Parfois un aveu. Parfois un simple “merci”.
Ce rituel, appelé entre eux le “papier de fin”, serait né dans une prépa parisienne dans les années 90.
Et s’est depuis répandu, sans bruit, dans plusieurs lycées prestigieux.
Certains étudiants y déposent leurs peurs.
D’autres leurs frustrations de la semaine.
Certains y inscrivent une citation, une chanson, ou une blague codée que seuls les khâgneux comprendront.
Une manière de survivre au rythme
“Ce n’est pas juste un exutoire. C’est un cri qu’on adresse sans savoir à qui”, explique une ancienne de prépa Henri-IV.
Car dans ces filières où la pression est constante, le “papier de fin” est souvent le seul moment où certains osent formuler ce qu’ils ressentent.
Pas de note.
Pas de jugement.
Juste une phrase posée, parfois entre deux colles.
Les professeurs, eux, ne répondent pas toujours.
Mais beaucoup lisent. Certains gardent.
“J’ai encore des petits papiers reçus il y a 15 ans dans un tiroir”, confie un professeur de maths sup.
“Ce sont des traces d’humanité dans un système très dur.”
Pourquoi ça continue encore aujourd’hui
À l’heure des réseaux sociaux et des groupes WhatsApp d’étudiants, ce rituel semble presque archaïque.
Et pourtant, il perdure.
Parce qu’il n’a rien de numérique.
Parce qu’il ne cherche pas de validation.
Parce qu’il fonctionne dans le silence.
De nouveaux étudiants continuent chaque année.
Sans qu’on leur dise.
Juste parce que quelqu’un, l’année d’avant, leur en a parlé à voix basse.
Comme un secret.
Un héritage.