Un monde de surexploités passionnés à l’extrême
Dans l’esprit du grand public, la médecine est perçue comme une discipline d’élite, un passage obligé pour devenir un « Sauveur de vie », un docteur respecté, voire idolâtré. Mais cela n’empêche pas l’émergence de plusieurs clichés à propos de ce domaine d’études à lourd impact social.
Il est vrai que l’étude de la médecine est une longue marche éprouvante vers la noblesse de la pratique, et face à ce périple, beaucoup de stéréotypes tendent à se former. Une aventure bien souvent déformée par des clichés persistants à côté desquels la réalité peut parfois sembler fade. Alors, quels sont ces clichés ? On m’a souvent demandé d’analyser les principaux stéréotypes liés à ces études. En voici trois.
Un marathon de travail sans répit
Il n’est pas rare d’entendre que les étudiants en médecine sont forcés de travailler sans arrêt, jour et nuit, afin de survivre dans cette course à l’obtention du diplôme. De ce fait, ils seraient condamnés à une vie sociale réduite à peau de chagrin et serait à peine capable de distinguer le jour de la nuit à force de passer leurs journées dans les livres. Incontestablement, il y a du vrai dans ce cliché, mais la réalité est plus nuancée.
Ces études réclament sans nul doute un investissement considérable en termes de temps et d’énergie. Cependant, il est également vrai que chaque étudiant dispose de sa propre méthode de travail et de son propre rythme. Tout le monde ne passe pas ses nuits blanches à réviser ou à apprendre par cœur des centaines de pages de cours. Certains préfèrent réviser régulièrement en petites quantités plutôt que de faire des séances d’étude intensives. Et oui, même les futurs médecins peuvent avoir une vie sociale !
L’hypocrisie du sage Hippocrate
Un autre cliché persistant est celui du serment d’Hippocrate, qui, selon certains, transformerait instantanément chaque étudiant en médecine en un parangon de vertu et de dévouement. Si chaque étudiant en médecine reçoit bel et bien une formation éthique rigoureuse et prononce le serment d’Hippocrate, cela ne signifie pas pour autant qu’il devient une figure d’abnégation ou de sacrifice ultime.
De même, la relation entre le médecin et son patient, de par sa nature intrinsèquement humaine et subjective, est bien plus complexe que ce que l’on pourrait penser à première vue. La fibre morale est effectivement au cœur de la profession médicale, mais chaque individu a sa propre interprétation de l’éthique et de l’empathie.
Des êtres sans failles
Le troisième cliché qui a la peau dure est celui de l’invincibilité des étudiants en médecine. Étant formés pour gérer des situations de stress intense et pour faire face à la maladie et à la mort, ils seraient, selon certains, immunisés contre les problèmes psychologiques et le stress. Or, la réalité est toute autre.
Ces étudiants sont, avant tout, des êtres humains confrontés à des situations parfois extrêmement difficiles, à l’image de leurs confrères dans d’autres professions. Ils peuvent être touchés par des problèmes de santé mentale, de stress, d’épuisement professionnel, de dépression… Le fait même qu’ils soient constamment en contact avec la maladie et la mort peut affecter leur propre perception de la vie et de leur santé.
Il est grand temps de démystifier aussi ce cliché et de réaliser que la formation médicale n’est pas une bulle de super-héros, mais belle et bien un combat de titans aux pieds d’argile.
Ces trois clichés sur les études de médecine ne sont que la pointe de l’iceberg. Comme pour toute profession, la réalité dépasse souvent les stéréotypes. Au lieu de peindre cette profession avec les couleurs du cliché, nous devrions essayer de comprendre les défis et les sacrifices qu’elle implique réellement. La route pour devenir médecin est longue, ardue et émotionnellement épuisante, mais c’est aussi un parcours de passion, de dévouement et d’humanité. Et c’est tout sauf un long fleuve tranquille.